CONTRAT 2020-2024

 

DIRE : Déplacements, Identités, Regards, Écritures

 

Sur la base de 3axes thématiques, les membres de l’unité poursuivent, dans une approche pluri- voire transdisciplinaire, les recherches menées portant sur les 4 notions clés : déplacements, identités, regards et écritures (DIRE), telles que définies initialement, dans le précédent contrat.

L’unité se positionne à plusieurs échelles, du local au global, les sujets d’étude portant sur les espaces socio-culturels de l’océan Indien dans toute sa diversité (de La Réunion aux pays bordiers de l’OI), de l’Europe, des Amériques et de la Caraïbe, partageant une Histoire (post)coloniale commune, dans ses diverses formes. L’étude spécifique et/ou comparative de ces aires géographiques (continents, océans, îles ou archipels), en tant qu’espaces de circulations, de brassages, de contacts et de tensions d’où émergent, se (re)construisent et s’expriment de nouvelles identités/altérités collectives et individuelles, permet de mettre au jour les porosités des frontières (géopolitiques, cultuelles) tout comme les aspérités d’un monde global et multipolaire, en mouvement, en constante évolution. L’étude des textes (au sens large) et de la production littéraire, artistique et culturelle ou scientifique, au fil de l’Histoire, permet ainsi de mieux comprendre les évolutions et les négociations en jeu qui participent à la fluidité de sociétés contemporaines caractérisées par la pluralité ethnique et la multiculturalité.

 

L’unité est également impliquée dans la Structure Fédérative OSOI, Observatoire des Sociétés de l’Océan Indien.

 

Sections CNU : 9, 10, 11, 12, 14, 16, 19, 20

 

 

 

AXE 1 : Voyages et utopies, image, imaginaire et corps

Responsable : Françoise Sylvos

L’équipe de l’axe 1 s’intéresse aux Beaux-arts, au cinéma, à la civilisation et à la culture, à la danse, aux littératures, aux mondes et littérature anglophones, créolophones, francophones, germanophones, hispanophones et lusophones, à l’histoire culturelle et matérielle, aux supports médiatiques. Elle propose une approche résolument contemporaine de la recherche, privilégiant, à côté du medium livresque toujours présent, l’animation des savoirs à travers la vidéo et les outils de diffusion en ligne (pages web, chaîne Youtube). A côté de l’exploration de données inédites ou tombées dans l’oubli, se développe le sens de la médiatisation de la recherche et de la pédagogie interactive au service de la vulgarisation. Même les sujets les plus pointus – manuscrits de Boris Gamaleya ou textes en créole réunionnais, mauricien ou seychellois du reggae de l’Océan Indien – se prêtent à la performance : utile dulci. Parmi l’éventail des chercheurs de l’axe 1, la création théorisée n’est donc pas oubliée. L’image, non contente d’être un thème de l’activité de recherche de l’axe 1, est aussi un outil fédérateur pour le groupe et un outil de communication de ses activités de recherches, dont bénéficie le DIRE dans son ensemble.

Les chercheurs de l’axe 1 abordent la zone Océan Indien ainsi que d’autres aires géographiques, les temps passés comme l’époque contemporaine. La diversité des objets réunis sous la coupe de cet axe s’explique par la volonté de rendre compte de la totalité des spécialités en présence et, de façon historique, par la restructuration de DIRE qui, en décembre 2019, est passé de quatre à trois axes. La fusion de l’axe 1 (Imaginaire, voyage, utopie) avec l’axe 2 (Image et corps en mouvement) s’est alors opérée. Trois blocs principaux sont réunis dans l’axe 1. Le premier concerne les voyages et leur mise en texte et en images. Le second sous-axe concerne l’image. Le troisième bloc concerne le corps et l’imagination. Des points de passages entre les trois aspects se dégagent de toute évidence ; les projets et produits de la recherche se situent souvent à la croisée de plusieurs d’entre eux.

 

1. Voyages réels ou imaginaires et leurs adaptations textuelles ou artistiques

Le thème du déplacement est au centre du projet scientifique de DIRE. Pas de voyage ni d’utopie sans déplacement. L’utopie est une fable encadrée par un voyage maritime ou aérien, par un saut dans l’espace ou dans le temps. Le voyage est associé à toutes les opérations mentales, transferts et sauts de l’imagination. L’axe I nourrit donc l’une des problématiques centrales de DIRE, qui est aussi l’un des axes de l’OSOI (« Territoire et mobilité »). Utopies ou anticipations, œuvres de science-fiction, donnent un éclairage optimiste ou pessimiste (dystopies) sur l’avenir de l’humanité. La recherche sur les voyages réels ou fictifs convoque aussi bien les sciences politiques que la poétique de l’imaginaire et que la poétique des genres littéraires. 

 

2. Objets et images en mouvement

Les recherches de l’axe 1 prennent en compte l'image en tant que représentation graphique/iconique. Une place significative est accordée aux expositions en salle ou online et à l’iconographie. La relation de l’image fixe ou animée avec le texte motive une sémiotique des textes illustrés ou de la publicité et des recherches sur l’intermédialité. A côté des objets - omniprésents dans un programme de recherches sur les gages d’affection qui a une dimension patrimoniale - , les images sont étudiées dans leur matérialité. Images et objets sont alors envisagés en tant qu'artefacts culturels propres à construire une époque, une mode, un mouvement, etc. Nous pouvons ainsi, avec Philippe Hamon, parler d'imagerie. Font partie de nos objets d’étude l’image en mouvement et, par conséquent, l’histoire du cinéma, l'analyse de films, mais aussi d'images qui voyagent et se transforment (perspective intermédiale ou transocéanique, par exemple). Vidéos, séries et films sont abordés du point de vue de la poétique et de l’esthétique, en lien ou non avec les écrits ou avec d’autres formes d’art.

L’image, notamment lorsqu’elle exhibe les traces de la corporalité, peut aussi s’articuler avec la notion d'identité genrée ou d’identité culturelle, non sans laisser affleurer les relations de pouvoir, notamment dans le cadre des études post coloniales et décoloniales. Ici s’amorce une transition vers le troisième domaine de l’axe 1.

 

3. Corps et imaginaire

La corporalité au cinéma, la question de l’identité appréhendée au prisme du corps ne sont pas étrangères à l’un des thèmes de recherches de l’axe 1 de DIRE. portant sur l’imaginaire, qui inclut les représentations du corps et de la sexualité, le fantasme, l’exploration de l’inconscient (le tabou), une approche bachelardienne ou psychocritique des textes, la fantaisie.

 

Mots-clés anticipation, dystopie, utopie, science-fiction, voyage, récit de voyage ; corps, esthétique et poétique, image, imaginaire, mouvement, texte et image, mort et violence, oubli, perception, insectes et sociétés humaines

 

 

 

AXE 2 : Identités en contextes pluriels

Co-responsables : Julie Dumonteil et Emilie Pontanier

La diversité des cultures, les constructions identitaires, les langues en contact sont étroitement liées à un environnement dynamique pluriel en constante mutation. Ces phénomènes s’inscrivent notamment dans le contexte indianocéanique sur le plan local, et plus largement dans les espaces de circulation (des personnes, des idées, des langues et des cultures) que constituent les océans et les continents.

Il s’agit d’interroger la notion de contextes pluriels et les effets de cette interculturalité prégnante sur les pratiques sociales, culturelles, cultuelles, linguistiques, éducatives et professionnelles. Cette réflexion réunit des chercheurs en littérature, civilisation, histoire des idées, linguistique, sciences de l’éducation et de la formation, psychologie, sociologie et didactique.

 

Mots clés : identités, diversité, interculturalité, plurilinguisme, éducation, inclusion, discours, représentations, migration, diasporas, globalisation.

 

1. Circulations et diasporas

L’étude des diasporas et des migrations, à l’origine de productions culturelles et artistiques innovantes, aborde les phénomènes de circulations et de déplacements, dans un monde en archipel qui se « créolise » (Glissant). L’analyse de l’émergence d’identités diasporiques (notamment africaine et indienne) du XVIIIe au XXIe siècle s’orientera vers un examen des mobilités passées et actuelles et des modalités de construction identitaire, culturelle et artistique. Dans un monde en transition, les frontières nationales semblent désormais s’effacer au profit de nouveaux cosmopolitismes postcoloniaux. Cette approche permettra de mieux cerner les contours des communautés migrantes et leur impact socio-culturel sur les sociétés d’accueil. Elle mettra en évidence, dans une perspective comparative, la globalisation intercontinentale et transocéanique des mouvements migratoires historiques et contemporains.

 

2. Représentations, éducation et inclusion

L’étude du phénomène de construction identitaire individuelle et collective en contexte de diversité sociale et culturelle s’intéresse aux domaines éducatif, religieux, langagier, littéraire, artistique, en interrogeant leurs influences mutuelles. L’analyse des relations entre singularités individuelles et/ou de groupe, d’une part, et appartenance sociale, d’autre part, permet de questionner le rôle de l’éducation au sein de la famille et de l’institution scolaire en contexte interculturel et multilingue. Les phénomènes d’enseignement/apprentissage et les pratiques professionnelles qui y sont liées sont étudiés à travers ce prisme. L’étude des représentations sociales liées à l'altérité questionne les notions de normes, de normativités et de « lanormalité » (Pahud). En outre, l’étude des constructions et représentations discursives sera sollicitée dans une perspective d’analyse critique des idéologies de domination. Dans une approche participative sont abordées les notions de citoyenneté, y compris numérique, et de justice sociale dans une perspective inclusive visant à comprendre les mécanismes qui sous-tendent les situations de vulnérabilité pour les réduire.

 

 

AXE 3 : Pensées, savoirs, (ré)écriture et (contre-)discours

Responsable : Guilhem Armand

La reprise et la réécriture de textes font partie intégrante de la thématique du déplacement. La réécriture peut inclure, par exemple, l'autobiographie ou la biographie qui mettent une vie en intrigue, l'Histoire qui réécrit le passé, la traduction qui reprend un texte dans une autre langue, l'édition qui remanie un texte, mais aussi la reprise d'un texte antérieur (hypotexte), dont la décontextualisation et la recontextualisation vont modifier le regard porté et faire « re-signifier » les faits, les discours et les idéologies transmis. La réécriture est liée à la répétition, qui est, à la fois, reprise et rature, et qui est indissociable de la notion de tournant. La réitération est une manière de se réapproprier le passé et de transmettre un héritage ; elle change le monde, redistribue les positions de chacun et participe aux jeux de pouvoir, ouvrant le champ d'une parole neuve, appelant à la transformation identitaire. Puisque les textes sont envisagés non seulement comme lieux de représentation et de transmission de pensées et savoirs, mais aussi comme lieux de création de savoirs, ils nous confrontent à d'autres manières de voir.

 

Ce déplacement du regard par l'écriture modifie inéluctablement notre identité : le texte devient paradoxalement le lieu d'un déplacement esthétique, éthique, physique ou imaginaire à travers lequel nous faisons l'expérience de l'altérité. L'altérité peut être aussi revue comme désir de fusion avec l'autre. Des « études comparatives » (et non strictement comparatistes) repensent le fait différentiel, la dualité, l'altérité, en intégrant comme paramètre la porosité des champs socioculturels et littéraires. Dans cette exploration du rapport à l'Autre, la poursuite de l'étude des figures du désir et de la peur de l'océan Indien offrira un nouveau regard sur les stéréotypes occidentaux coloniaux des figures tropicales du désir (l'Autre exotique), et construit des ponts flexibles, des passages nouveaux entre des différences, des isolats, qu'elle aide à comprendre par et dans les relations qu'elle établit entre eux. Il s'agit de construire des passages, par une « technique du dépaysement » (Cl. Lévi-Strauss), afin que des œuvres, des imaginaires, des sociétés s'éclairent réciproquement. Ainsi, liée aux déplacements et contacts, notamment dans les espaces océaniques (océan Indien, Atlantique et mondialisés), l'écriture participe à l'échange et à la révision des discours et des idéologies qui sont inscrits dans les textes, que ce soit des textes de fiction ou de non-fiction, des textes scientifiques, politiques, philosophiques ou autres.

 

Mots-clés : hypotexte - contextualisation - réitération - déplacement - altérité - idéologie